Catherine Estrade




         Mon Plateau

 
1)

Un bleu de méthylène et la peau incrustée de fragments
Sur la tranche des cils
Sur le bord des sentiers
Des traces au pas de courses des enfances  pressées
 
Une gravure en or au prou des yeux mouillés
Un silence
Un serment
Et la cime des arbres
Où la neige serpente
Encore
 
Un tatouage acéré une marque cinglante
Et mes mains qui tricotent
A l’envi à la mort
 
Sur mon plateau lointain


 
2)

Les lignes étirent
D’un pan à l’autre
L’enceinte
Qui corrompt le pas
Juste sur le regard
 
Et le silence
A tressé son abri aux chevilles élancées des sommets
Il baigne au creux des ventres
Accapare dévore
Les derniers soubresauts des fourmilières d’ailleurs
 
Je meurs à la seconde où je pars
Je ne le savais pas
Je suis sortie de là
Du secret, du mystère
 
Je reviens
Et le sel des mers anciennes s’égare
Sur ma joue
Quelque part entre le cœur et ma terre



 

 
 3)


Les corps se tendent aux vents des saisons abusives
Où les traînées de gel  endorment pour longtemps
Les orages amers
 
Mais la lande aux tourbières malignes
De droseras subtils dépouillent l’horizon
 
Si ma peau prend
Aux racines mouillées des linaigrettes hautaines
L’air qui manque
Alors j’aurais
Sur ma langue et mes mots
Des tracés éblouis de mes courses d’enfant
 
Mais la lande
Brossée de blanc
De rigide éphémère
De craquement de flamme
Hurle encore les échappées de loups
La chorale enrayée des corbeaux amoureux
 
J’entends
J’attends le jour
Celui de mon retour
 






 
 
 



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