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           Mopti
 
     

 

Le bus roule et déroule le film déchiré d’un paysage déchirant.

J’avance entre les ruines des inondations dans le désordre hagard des arbres alignés.
Rares figures effeuillées, les Baobabs vénérables se noient de soleil. L’un deux me tend les bras, cajolant. L’autre, inquiet implore le ciel, griffe des morceaux de nuages et se saisit du vent qui passe pour ne pas sombrer.

 

Je puise dans la respiration des jardins plantés d’amour l’espoir d’une autre possibilité.

La courbure des reins en souffrance, les mains de terre maculées, les femmes en attente d’éclosion végétale déplient le drap nourricier de la lisière imaginaire.

La rizière se prolonge en tapis de fraîcheur verte.

 

Fula ou Kado, mes compagnons de voyage scandent en paroles aiguës : «  Ta route te mènera inévitablement à Bandiagara. »

 

J’écoute à peine.

Ils ont tort.

 

Au lit vide du fleuve sur le sol humide, un peul profile la ligne incongrue de son troupeau fatigué. Traînées mouillées sur le regard, eau fantomatique, absente, mais que j’odore oppressante et vivante.

 

Pointillés irréguliers.

 


 

 
 
 
 



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