La canopée s’étrangle en arrivant à la mer et les goélands prennent le relais bruyamment. Il n’y a rien de plus sage que le sable qui fuit, de plus fort que l’eau qui s’égratigne aux abords des plages. Pourtant, les pieds grignotent puissamment l’inconsistance sableuse et laissent des traces imbéciles prêtes à mourir. Mais tout cela ici-bas, nous, appuyés au sol comme des cloportes malhabiles, braillant des invectives douloureuses, sans cesse, au plus près du soir. Effleurant l’aurore comme on s’écrase. La canopée n’est pas accostable, juste supposée. Et de cela nous débattons dans nos cuisines alourdies d’odeur, nous concevons, composons sa splendeur toujours en hurlant, pour qu’elle entende, pour qu’elle nous avale de toute sa hauteur, qu’elle nous jette enfin dans l’océan pour en finir avec l’absurdité, celle d’avoir perdu dans les parades institutionnelles nos fils reliés à nos autres contraires semblables. Sortis de nous parce que seulement évoqués, simulés, figurés, représentés qu’ils disent. Toujours invoquant le dôme pour retrouver nos esprits. C’est une guerre muette et jacassière qui se fait de l’aube au crépuscule, comme un chant répétitif aux accents métamorphiques. Et nous en sommes les soldats ridicules. La canopée farandole, elle flotte, drapeau pirate, apatride, unique et multiple, ce que nous ne savons plus faire. Les ourses et casseroles des coupoles célestes l’accrochent à la lumière sombre. La canopée rigole, chatouillée de neutrons quantiques. L’emphase l’amuse. Trou noir. Nos têtes sont portées vers en haut, où nous grimaçons, convaincus de nos pouvoirs, déterminés à poursuivre la destinée empesée de notre espèce ravageuse. Mais jamais ne nous envolons. La glu des raisons suffocantes agrippe les peaux moisies de nos cataractes. Alors on tronçonne, on déchiquète, on abîme de précipice en gouffre ! Au nom de notre suprématie auto-déclarée, on enterre nos corps prétentieusement, réifiés. Automutilation. Mais encore, la canopée s’étrangle en arrivant à la mer et les goélands prennent le relais bruyamment. Il n’y a rien de plus sage que le sable qui fuit, de plus fort que l’eau qui s’égratigne aux abords des plages. |