Des dunes et des ocres

  Catherine Estrade

 
       

                17


           Touareg


 

Targui


Elle est là, présence immuable, Reine hiératique, humble maîtresse des lieux.


Vigilante et sereine, elle porte en elle la démesure d’un peuple unique. Elle garde précieusement suspendue à son voile, la Clé des Richesses, source de son pouvoir.

Le manteau noir ombre sa tête penchée sur des ouvrages recommencés. Les tresses fines et serrées glissent sur son cou gracile. Les doigts bagués d’argent essuient la fatigue des heures qui se ressemblent.

Elle travaille. Habile et rapide, elle coud, répare les peaux.

Quelquefois, imperceptiblement, elle scrute le lointain, attend la résonance sourde d’un retour.


Le soir, les étoiles s’ouvrent et s’éveillent. Le chant de l’Ahal s’envole. La Sultane bleue, poétesse aux milles Histoires conte les rezzous glorieux des temps anciens.

Debout, le corps légèrement fugitif, elle frappe la corde de l’imzad*.

Elle choisit, celui qu’elle aimera, l’homme à la fierté voilée, celui qui cache son visage à la colère et à la mort.

La voix se tait , et la femme à la beauté languissante et sombre rejoint celui qui partira demain.


A l'abri  de la tente, elle songe aux pâturages verdoyants


 

* violon

 



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