Dessin Jean Furelaud | C'est de l'eau qu'est née Bamako, cette eau capricieuse, complice du soleil, qu'on appelle Fleuve. Ici, Fleuve se dit Niger. Passion qui se vide au grè de tes Humeurs, laissant l'Homme la tête en l'air, guettant la pluie qui te redonnera force et beauté. Mais il reste toujours de toi des traces d'existence ça et là. A Sotuba, tu me dis que les roches où tu t'enchevêtres encore, te craignent, que la route que tu découvres à la saison sèche, t'amuse, et que tu reviendras bientôt reverdir le rouge de la terre, nourrir le bétail, et laver les enfants. Tu reviendras donner la vie et tu feras que cette ville qui t'appartient ne t'oublie pas. Sur la berge du Fleuve, là où ta peau se sublime et se fait sable, tu te pares de nuances. Les pagnes que les femmes baignent dans ta sève,sèchent au soleil. Ces femmes sont peut-être les épouses des Bozos, peuples de pêcheurs. Ils connaissent tes secrets, tes violences et tes charmes, ils savent. Ils savent que dejà tu leur donnes moins. Où sont les Capitaines à la chair si généreuses? Leurs pinasses dessinent des serpents tranquilles et les filets attendent, désespérés de ne rien prendre. Tu rends à l'homme le mal qu'il t'a fait. Je me souviens, plus loin, là-bas, à Mopti, j'ai glissé de tes bras à ceux du Bani, longuement, avec le bruit de la pale marquant le refrain de ce pays. Là encore, j'étais sertie dans le temps. Instant où tout se mêle, instant où mon corps est eau, où tout s'unit, où tu deviens Bani. Et je me fais bonheur pur encore une fois. |