Été Rythme clair écrit Par les faux aiguisées de soleil, Geste qui luit Comme un rayon vermeil Sur les exhalaisons Des herbes qu’on mutile. Et l’odeur monte comme une oraison Vers la voûte qui rutile Gonflement de chair Remplie du suc des grandes chaleurs, Chute dans l’air Des fruits comme des pleurs, Sur le vol bourdonnant Des guêpes qui se grisent. Et va, la lumière s’abandonnant Vers la terre qui s’épuise. Langueur attiédie Des repos nostalgiques et lourds ; Soir engourdi Sur un reste de jour ; Dans le vent qui se plaint L’amour qui s’effiloche Tout doucement, comme un reflet, s’éteint Vers l’automne qui s’approche. |
Etreinte 1 Quand le vent va, vivant Dévorant, Quand la nuit roucoule, saoule La nuit liquide Quand le ruisseau frétille, malin, Le ruisseau fougueux, Alors les cerisiers font les fous Et se collent du blanc partout Et les pêchers du rose, Et du rouge sur tes joues, du désir sur tes lèvres Et ma bouche sur ton cou Et mes mains sur ta fièvre. Quand le soleil crie, brûlant, Le soleil cruel, Quand le jour éclate, bleu Le jour cinglant Quand la terre s’ouvre, chaude, La terre griffée Alors les marronniers se mettent en boule Et ronronnent comme des matous, Et les peupliers se dressent Et le cerne sous tes yeux, le vertige dans tes reins Et ma main dans tes cheveux Et ma tête sur tes seins. Quand la tempête s’apaise, épuisée, La tempête mourante, Quand le volcan retombe, vidé Le volcan vaincu , Quand la vague se tait, frissonnante, La vague murmurante, Alors les magnolias se parfument, Et se mettent à soupirer Et les hortensias s’endorment, Et l’odeur de ta peau, et ton corps abandonné, Et mon souffle sur tes mots Et nos mains liées. |