Les contraintes sont: 1ère contrainte: Votre texte doit se terminer par cette phrase: "Je suis ton père" 2ème contrainte: Longueur du texte: environ 10 lignes ... 3ème contrainte Vous ne devez pas utiliser les mots suivants: Mère (s) Enfant (s) Famille (s) 4ème contrainte Vous êtes dans l'obligation d'utiliser les mots suivants: SalpêtrePapier peint Océan Anicroche Président Oui c'est certain, c'est pas fastoche, mais vous zêtes doué(e)s !!! |
Bravo à toutes et tous, c'est foisonnant, tout ça. Quel plaisir de vous lire dans vos délires ....
Pourtant aujourd'hui, elle se retrouve convoquée dans le bureau de celui que tout le monde appelle Le Président. Elle, la secrétaire de mairie tartignole qui ne dit jamais un mot plus haut que l'autre et ressemble à une mémère à caniche à trente ans.
Lui, c'est le genre de type jovial qui s'est fabriqué une aura de Saint, mais qui va tremper sa queue partout où il peut. Élu, responsable associatif et impliqué dans la vie locale. Il a beau être un ami de ses parents, elle n'a jamais pu le sentir. Il pue le fric, la suffisance et la charité bien pensante. Pour se rassurer, elle serre au creux de sa main le petit pistolet caché dans son sac.
Nerveux, Le Président hésite. Des fleurs humides apparaissent sur sa chemise. Il se racle la gorge, prend son élan puis finit par se lancer. Alors qu'elle fait glisser son doigt sur la détente, elle voit son regard changer de couleur.
Et c'est avec une tronche étonnée de poisson lune que Le Président lui annonce en gargouillant : « Lucie, je suis ton père ».
À chaque morceau arraché, Georges se prend un paquet de plâtre et de salpêtre, et il se met à éternuer et jurer. Le travail va être long et fastidieux. Moi je l'aurais bien gardé ce papier couleur océan, mais l'homme veut un décor plus viril, cuir et bois. Moi je voulais un truc tout simple, mignon, sans complications et sans anicroches, mais je le laisse faire. Je lui ai préparé un petit en-cas pour la pause : bière, saucisson, camembert Président au lait cru.
Ça devrait le motiver ce casse-croûte.
Mais qu'est-ce qu'il a à hurler ? Quoi ? Tu veux quoi ? Que je vienne voir ? Mais pourquoi ?
Je soupire, mais je monte à l'étage, j'ai peur qu'il me fasse un malaise.
Il est figé devant le mur d'où il a enlevé tout le papier, il regarde fixement. Je m'approche, un peu inquiète quand même.
Le mur est tout vide, ou presque. Au milieu, une phrase écrite en rouge :
"Georges, je suis ton père".
- Comment ça, c'est fait ?
- Ben oui, papa m'appelle il y a une semaine et me dit : "Ce serait bien que tu passes à la maison, les murs sont plein de salpêtre, il faudrait refaire le papier peint, c'est ça d'habiter au bord de l'océan, c'est humide, donc on t'attend pour la tapisserie. Je viendrai, je lui dis, sans anicroche au bureau je devrais pouvoir m'éclipser quelques jours. Il me répond c'est pourtant bien toi le président directeur général, non, alors tu fais comme tu veux. Je lui dis, ce n'est pas si facile, mais je ferai tout pour être là et faire vos travaux." Alors voilà, c'est fait.
- Et nous sommes bien content. C'est gentil d'être venu. Il est où papa ?
- Tu parles. Il m'appelle pour vous aider. Et lui, il va boire un coup avec ses copains. Il vient de partir.
- C'est son petit blanc de la fin d'après-midi. Il retrouve ses amis, ils refont le monde. Ils passent un bon moment. Je serais bien allée avec lui, des fois ça m'arrive.
- C'est ça, tu n'as qu'à t'en aller toi aussi. Je veux bien ranger tout seul.
- J'entends une pointe d'ironie.
- Ce n'est pas de l'ironie, je suis fin énervé de me taper tout le boulot.
- Eh bien, puisque tu le prends sur ce ton, je suis ton père.
« Ces manifestations, ces grèves ne sont qu'anicroches et nous irons jusqu'au bout, parce que c'est toujours notre projeeeeeeet ! »
Soudain, un tourbillon lumineux déchira en lambeaux l'image qui s'effilocha comme papier peint délité par un salpêtre de parasites célestes.
Personne n'eut le temps d'imaginer la terrible panne de téléviseur car l'image revint aussitôt.
Le Président, débraillé, était à genoux, la nuque ployant sous le poids d'un gigantesque brodequin qui envahissait l'écran.
Une voix surgit alors de nulle part, rugissement divin qui résonna directement dans les synapses ahuris des téléspectateurs hypnotisés:
« Arrête de brailler, Manu, et écoute ce qu'ils te disent. Si tu crois que je vais vous laisser détruire cette planète et ses habitants, toi et ta clique de milliardaires... Obéis-moi ! Merde alors, c'est quand même mon Œuvre et je suis ton Père ! »
Malgré l'heure tardive, j'obtiens une chambre sans anicroche.
Je m'effondre dans un fauteuil confortable du petit salon, rêveuse : je suis née dans cette région, aussitôt orpheline, exilée et adoptée par un autre clan.
Un groupe d'hommes au fond de la pièce discute a voix feutrée mais tendue, en désaccord. Je sors de mon sac la biographie du président Mandéla et m'y plonge.
Mes voisins montent le ton, en viennent aux mains, des coups de feu claquent.
Une porte dérobée s'ouvre dans la bibliothèque et un personnage immense et maigre entre, visage sombre et balafré, il se penche vers moi, menaçant et... je me réveille, seule maintenant dans la pièce. Mon esprit encore embrumé garde l'empreinte de la haute silhouette qui me dit : " Je suis ton père ! "
Un corbeau posé sur une chaise me supplie de le sortir de là, vite avant que l’autre ne recommence, je lui demande « mais que fais tu ici ? »
Il n’a pas le temps de me répondre, Moncra surgit d’un coin de la pièce, en s’adressant très fort à l’oiseau qui pousse un soupir de lassitude désespérée,
"Je suis ton père parce que c’est mon projeeeeeeeeeeeet "
Cela faisait 13 ans que ce monologue durait et c’est depuis ce jour que je protège les corbeaux
Quand le Président sortit des chiottes, le pantalon aux chevilles, je sus qu'il y avait une anicroche. Il avait oublié le principal: Son culcul. Puisque j'étais l'homme à tout faire, je réagis prestement.
Le direct en mondovision à la télé commençait. Sa fille inquiète, attachée de presse, cria que c'était le moment et qu'il fallait vite qu'il vienne s'expliquer du tir d'un missile nucléaire sur le Merdikhistan".
Elle sembla à peine rassurée quand je lui répondis:
" Encore une petite minute ! Tout va bien, j'essuie ton père ! J'essuie ton père !!..."
La soirée avait pourtant bien commencé.
La vieille bicoque que Tom avait repérée pour lui puait le salpêtre
Les murs tenaient debout grâce aux 7 ou 8 générations de papiers peints
Personne en vue. Il serait tranquille. « No problemo » = en français de Mamie, « aucune anicroche ».
Un pan de façade semblait l’attendre lui, sa colle, ses bombes et ses délires sur papier
Six ou sept vieux placards y vendaient le sourire Colgate d’un président tombé depuis dans des oubliettes bien méritées.
Là, tel un Michel-Ange Basquiat, il se plonge dans un océan de papier poisseux, de jets de bombes dans tous les sens.
S’agite, réfléchit, recule, revient, rectifie, transpire. Pour finalement faire émerger de la bouche d’une épeire géante une bulle : « Je suis ton père »
Emma a de la fièvre , il faut rester au lit, le docteur l'a dit. Sur l'océan de sa couette, un voilier se balançait sans anicroche pendant que la mouette de salpêtre, dans le coin du plafond, s'élançait joyeusement vers ses copines, celles de la frise sur le papier peint. Finalement, même si ça gratte un peu, ça lui plaît bien, à Emma, d'avoir la varicelle. C'est rigolo, c'est tout le bazar dans sa chambre.
Soudain la porte s'ouvre, c'est le président, celui de la télé, et que ses parents ils aiment pas. Il s'approche, il sourit, il a des dents aiguisées, il se penche au-dessus d'elle, elle voudrait crier mais n'y arrive pas. Il sourit toujours avec ses dents qui font peur et lui murmure à l'oreille "ah ah ah ... je suis ton père" ...