Catherine Estrade



      La jetée + derrière l'ombre         



 
La Jetée

Mais le ciel est bas
De ses rames de sel
La mer fuit
Mouillée de fleur d’amère épine
Le sang des liquides parle du voyage et s’étiole
De sable il se fonde s’édifie de saveur
           à griffer les peaux de tendresse effleurées

Couchée dans les grains de multiples étoiles
J’enfouis mon corps aux portes des poussières
Au seuil délétère des frontières

Et viennent les épaves
Les ridules faciles des vents de safran lourd
Les échardes ancrées sur les ports de brouillard

Pétrie sur la jetée
J’ouvre les bourrasques et les lames croquantes
Pour enclore la mer
Avant qu’elle ne survienne.

Derrière l'ombre

 

Je souffle sur mes doigts
le sommeil
Celui qui me gagne en silence
Des palissades au bois mouillé
Des moisissures épaisses s’échappent de mes mains
Et mes rêves s’emplissent de chefs-d'œuvre et de songes
 
Il y a dans l’allégresse des senteurs de cri étouffé
Une retenue
Jouissance insensée
L’ombre cache mes yeux qui s’endorment
Mais dans le repli ferme des secrets
L’enfance écrit encore

 
 

 
 
 



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