Permets-moi d’admirer ta beauté. D’en fixer les contours, et de défier le temps. Permets-moi ce supplice. Cette soif de connaissance. Et promets-moi de n’en souffler mot à la réalité. * Permets-moi l’infini. Habité d’innocence. Protégé des regrets. Et fais-moi violence. Jusqu’au son de ta voix. Et jusqu’à l’introuvable, permets-moi de rester. * Promets-moi le pouvoir. Dissous dans la tristesse. Au règne solitaire, vacillant, délaissé. Aux silences effleurés. Et même si je t’adore. Permets-moi de te vivre, sans jamais n'en douter. * Rappelle-moi le danger. Et même si je me trompe, empêche-moi d’échouer. De tomber dans l’absence. Et même si les temps changent, promets-moi un adieu que je puisse pleurer. Que je puisse en douceur. Au milieu de la scène, simuler l’illusion. Quitte à tomber en cendres, dévêtu de passion. Du passé qui me ronge, promets-moi l’équité. * À toi sans le savoir. Au glaive la tempête et le contraire du vent. À moi l’épi fidèle. Suspendu au soleil. Et même si je me trompe, à la hache du temps. * Et tailler dans un mot tout ce que j’aime de toi. Cerclé de nouveaux vers qui n’attendent que ça. Pour que brille. Ne serait-ce qu’en pensée. Ne serait-ce, tu vois. Le cristal délicat du souffle de ta voix. * Promets-moi d’implorer. De jouir de tes lèvres. Jusqu’à les entrouvrir. Permets-moi d’accéder. Selon ta volonté. Promets-moi l’intérieur. * Du glaive à la tempête. Tous les vents sont bénis. Que s'en aille le rêve. Et même si s’aimer tard, ne dépend que d’envie. * Permets-moi tout l’amour. Ta peau réconfortante. Nue, blanche et dans nos nuits. De mendier jusqu’au lit. Promets-moi jusqu’au bout. Du passé, revenir. Et d’enchaîner encore. Jusqu’à bien trop en dire. Dusses-tu le reprocher. Promets-moi l’océan. Et remercie mes larmes. Pour avoir consenti aux rafales sans vent. Aux vagues polygames, aux presqu’îles impossibles. Et pour d’autres raisons de moins en moins visibles. Garde en toi d’admirer. Garde en toi cet espace que personne ne vide. Et jusqu’à le remplir, dusses-tu nous partager. Permets-moi de l’écrire. Aux verbes enlacés. * Permets à cette image. À ce phare insistant, de protéger nos vies des atteintes de l’eau. Du glaive ou par tempête. En mer il faut du temps. Par trop froide ou trop faible. Il nous faudra du cran. Pour que naisse à nouveau. D’un désert une terre. De peiner quoique taire en son sein fût à même de dire la vérité jusqu’à crier je t’aime. © 2023 |