Dessin: David Chansard Pour que la poussière sèche ne tarisse pas la source de mes lacis charnels, les vitres sont fermées. Pour que mon corps et mon cœur ne se heurtent pas aux métamorphoses africaines, le véhicule apaise les chocs de la piste. J'ai le visage écrasé contre le verre froid. Je cherche l'éléphant Je scrute, je m'abîme les yeux aux ramées inertes dessinées de ratures. Je devine emmêlées dans le creux des savanes, les énigmes multiples d'une vie équivoque. L'odeur de l'eau envahit mes pores, l'eau où le pachyderme vient laver les cicatrices de ses errements. Je cherche l'Eléphant. Je cherche ses yeux si petits, noirs, ses yeux pleins d'Histoire, de mémoires splendides. Un homme amoureux de vertiges m'a dit que même approché, je pourrais ne pas voir le géant gris. Alors je nettoie fébrilement la paroi lisse de la vitre. Dans l'absence et l'attente, je crée, avide d'envie de voir, les nuages de poussière dans l'horizon qui ne finit pas. Je tremble aux rythmes d'imaginaires processions miraculeuses. |