Pouvoir / enfin / être / soi / pouvoir/ gorge / serrée / peur / être / rien Putain d’albatros. Ras-le-bol, de l’albatros. M’emmerde l’albatros. Foutues ailes plombées avironnées géantes, tachées, salies, plumes, blanches, tu parles, que je vole, tu parles ! Décollage impossible. J’ai les pattes palmées et le ciel est trop haut. Trop haut, trop vieille, trop jeune, bordel, foutu, le ciel. Putain d’albatros. J’en pleurerais de rage. Ah ! L’ouvrir, enfin, et les envoyer paître, tous, en lot, prix de gros, cent cons pour le prix d’un (au diable l’avarice et les avaricieux) - à la baille à la flotte direct gouffres amers sans passer par la case navire, au diable les creux sûrs de leur fait, place, dégagez de la scène et foutez-nous la paix, juste, qu’on respire. Putain d’albatros, quoi, à peine un oiseau mouche, un moustique, même bien plutôt une de ces saloperies de cafards grisonnants et qu’on colle à la vitre sale d’un bon coup de charentaise à carreaux bien placé. Un cafard, l’albatros, gauche, veule, comique, laid, et muet comme une carpe et bousillé d’emblée par les je sais tout ventripotents qui n’ont des marins que les rayures et la scène bancale, éternellement réitérée par le roulis de leurs foutaises, et vides, vides, tellement vides qu’on pourrait presque en rire. Exilée sur le sol, j’ai l’air au moins aussi con que moi, c’est dire, c’est dire combien je voudrais bien exploser leurs tronches de crétins bien rangés en ringuette et dans leur petit monde clos d’air vicié par tant de nullité au nanomètre carré et dans leurs hauts talons vernis à l’écaillé – et tous ces cons descendant du haut de leurs estrades qu’on écoute à la fin parce qu’ils n’ont rien à dire. Je voudrais m’envoler. Là. C’est pas compliqué, quand même. M’envoler pour m’aimer un peu. Un tout petit peu. | |